Lectures of XIXth World Congress of the IAHR

Le soufisme ou la quête du sens

Cheikh Khaled Bentounès
(Guide spirituel de la confrérie soufie Alawiyya)

A la question : " Qui êtes-vous, cheikh ? ", mon grand-père aurait répondu un jour : " Je suis un, de la fraternité ". C'était une manière de reconnaître que derrière l a diversité des visages humains se cache une personne confrontée aux mêmes questions existentielles : Qui suis-je ? Pourquoi est-ce que j'existe ? Où vais-je ? Et après la mort ?...

La tradition soufie s'inscrit entièrement dans cette quête du sens, en rappelant que Dieu a créé le monde en voulant s'incarner et se voir dans sa propre création. Prendre réellement conscience de l'origine commune de toutes les créatures, c'est nous réconcilier avec notre nature adamique. Le soufisme nous invite donc à dépasser les clivages raciaux, religieux et culturels afin de retrouver l'unité incarnée par l'homme universel.

Mais l'homme ne peut accéder à cet état d'amour fraternel que s'il parvient à atténuer l'influence de ces états inférieurs par une é ducation spirituelle. C'est ce que représente symboliquement le tasawwuf à l'aide d'un cercle comportant plusieurs subdivisions.. La partie corporelle intègre en elle l'état minéral, végétal et animal lesquels continuent d'exercer une influence importante dans notre comportement. Ils doivent être contrebalancés par la partie spirituelle afin de donner à l'existence humaine un sens plus intérieur. La raison a son rôle à jouer dans cette recherche d'équilibre puisqu'elle permet à l'homme de se conduire en être réfléchi.



Cependant, son rôle reste limité, la raison ayant besoin d'être accompagnée de conscience. Pour cela, elle sollicite la présence d'une guidance pour s'élever jusqu'à la conscience universelle. La quête intérieure suppose donc un véritable travail sur soi qui exige une parfaite humilité, sincérité et fraternité sans lesquelles il n'est pas possible d'expérimenter l'amour divin. Seule une vie saine et équilibrée garantit au soufi de gouter la présence de Dieu en permanence et de Le percevoir à travers toutes les créatures.
Cependant, l'unité intérieure à laquelle ils aspirent ne va pas sans l'unité extérieure que doit réaliser la société. C'est pourquoi nous reprenons la figure du cercle.



Le premier et le plus central des cercles correspond au " système philosophique ". Il s'agit d'un centre dynamique qui va animer une élite dont le rôle est d'unifier la société autour de valeurs universelles et d'une justice équitable. Cependant, dès qu'elle perd ce centre, elle se transforme en un " système politique ", divisé par les intérêts divergents des partis. Cet éloignement progressif du centre fragmente la société et l'affaiblit pour finir par laisser place à un principe encore plus extérieur : le " système économique " où seul compte le pouvoir de l'argent.

Il semble difficile aujourd'hui de nier la réalité de la décadence de notre civilisation. Mais le fait que de plus en plus de gens en prennent conscience et cherchent un moyen d'y remédier est porteur du signe d'une nouvelle espérance. C'est elle qui nous appelle à la paix et à la sagesse pour arriver à percevoir dans l'autre un de la fraternité.






Prof. Susumu Shimazono, President of the JARS Congress Secretariat of the 19th World Congress of IAHR
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